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Pourquoi les pièces de carrosserie sont-elles trop chères en France ?


Pourquoi les pièces de carrosserie sont-elles trop chères en France ?

Les ménages consacrent 12,3 % de leur budget total à leurs véhicules.

Si le premier poste de dépenses automobiles est le carburant, et le deuxième l'achat du véhicule, le troisième est celui des pièces détachées et accessoires.

Surprenant ?

Non, logique. Car pour ces produits, l'Etat français semble bien plus protéger les intérêts des constructeurs que ceux des consommateurs.

Des prix abusifs en France ?

- Les pièces de carrosserie sont de 30 à 50 % plus chères en France que dans la plupart des pays voisins tels que l'Allemagne, la Belgique ou encore l'Angleterre.

- Les prix des pièces de carrosserie ne s'adaptent pas à la demande : dans le cas du succès d'un modèle automobile, les économies d'échelle réalisées sur les volumes ne sont pas répercutées.

Le prix d'un pare-choc "constructeur" de Peugeot 206 est 5 fois plus élevé que celui, identique, d'un "indépendant".

- Les prix des pièces de carrosserie ne cessent d'augmenter et bien plus que l'inflation. Ils ne baissent jamais (par exemple en fonction du prix des matières premières).

Ils évoluent de manière arbitraire selon la seule volonté du constructeur : ils ont augmenté de 26 % entre 2005 et 2010 alors que sur cette même période, les prix à la consommation ont augmenté de 7,63 % (données UFC Que Choisir).

Pourquoi ?

La France est le dernier pays d'Europe où les constructeurs automobiles jouissent encore d'un monopole légal de distribution et de production des pièces de carrosserie pour ses modèles.

Peu de consommateurs le savent car les conséquences de ce monopôle sont peu visibles : rares sont les automobilistes à payer directement leurs pièces de carrosserie (ce sont leurs assurances, lors des sinistres, qui payent généralement la facture).

Pourtant, in fine, ce sont bien les consommateurs qui payent puisque les assureurs répercutent les coûts des réparations dans leurs polices d'assurance.

Or les pièces de carrosserie représentent la charge la plus lourde avec 47,3 % du coût total de la réparation automobile. Un monopole légal des constructeurs automobiles.

Un monopole, pourquoi ?

Les constructeurs automobiles jouissent en France d'un monopole de la distribution et de la production des pièces de carrosserie car ces dernières sont "visibles".

Elles sont donc régies par les lois sur la propriété intellectuelle.

Renault est le seul à pouvoir décider qui peut produire et vendre des pièces de carrosserie pour ses modèles et à déterminer les conditions de vente.

Les consommateurs ne peuvent donc pas utiliser des pièces "alternatives".

Pourtant bien moins chères, celles-ci sont considérées aux yeux de la loi comme de la contrefaçon.

Les constructeurs automobiles profitent de la situation et margent énormément sur les pièces de carrosserie.

Ces dernières représentent seulement 13,2 % du chiffre d'affaire de Renault mais 31 % de sa rentabilité.

Est-ce une exception française ?

En 1998, le Parlement européen a voté une directive (98/71/CE) donnant la possibilité à chaque Etat de libéraliser (ou non) son marché des pièces de carrosserie automobile.

Alors que l'Angleterre, la Pologne, la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne ont saisi cette opportunité, la France a maintenu le monopôle.Une autre directive européenne a enfoncé le clou en 2004 en considérant qu'une pièce détachée automobile n'était pas soumise à une protection au titre de dessin ou de modèle (loi sur la propriété intellectuelle).

Mais le texte n'a toujours pas été adopté suite à un refus du Conseil des ministres européen de l'examiner (sous la pression de la France).

Cette situation est bien sûr la conséquence d'un lobbying actif des constructeurs automobiles nationaux. Une mécanique bien rôdée..

Des constructeurs automobiles gourmands UFC Que Choisir a constaté que les prix des pièces de carrosserie sont relativement raisonnables durant la première année de commercialisation d'un modèle automobile afin que les polices d'assurance soient contenues.

Lorsque les ventes ont décollé et que la demande en pièces de carrosserie est plus importante (généralement lors de la deuxième ou troisième année de commercialisation du modèle) le constructeur majore les prix des pièces de carrosserie de 20 à 30 % afin d'augmenter ses marges.

D'autre part, il est bien évident que pour les constructeurs automobiles, les frais élevés de réparation des véhicules ont l'avantage d'accélérer leur remplacement (départ à la casse pour les véhicules économiquement irréparables).

Certains constructeurs sont plus gourmands que d'autres selon l'étude de l'association UFC Que Choisir, les constructeurs automobiles français sont ceux qui profitent le plus du monopole national pour gonfler les prix et réaliser d'excellentes marges.

Par ailleurs, la part de marché de Renault, Citroën et Peugeot réunies, sur les ventes de véhicules neufs sur le territoire national représente 59,3 %.

Selon UFC Que Choisir, Peugeot serait le plus gourmand de tous (il réalise de très grosses marges sur ces modèles les plus vendus : la 206 et la 307).

A titre d'exemple, un pare-choc arrière de 206 est vendu plus de 210 euros alors que son coût de fabrication n'est même pas de 30 euros.

Quelle solution et quelles conséquences ?

Comment mettre fin au monopole ?

Pour que le monopole des constructeurs disparaisse, il ne doit plus être légal. La législation française doit donc imposer la libéralisation du marché des pièces de carrosserie visibles en adaptant la réglementation.

Les ministres européens doivent également adopter la directive votée en 2004.

Libéralisation : quelles conséquences sur la sécurité et l'emploi ?

La libéralisation du marché des pièces de carrosserie n'aurait aucune conséquence négative tant sur la qualité des pièces que sur l'emploi en France.

Les constructeurs français ont déjà délocalisé ou sous-traité depuis des années la majorité voire la totalité de leur production de pièces de carrosserie.

Ces dernières sont donc souvent fabriquées par des sociétés étrangères expertes dans ce domaine.

Par ailleurs, les standards de qualité et de sécurité sont fixés depuis longtemps par des réglementations et des certifications indépendantes internationales.La libéralisation du marché des pièces de carrosserie n'aurait donc aucune conséquence sur l'emploi en France et la fiabilité des éléments.

ARTICLE : DE NICOLAS LE BOUCHER


 
 
 

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